Galoche Bigoudène
Nom : Galoche Bigoudène
Lieu de pratique : 
Pays Bigouden, Finistère.
Famille : 
Jeux de palets
Sous-famille : 
Participant : 
Matériel : 

-3 palets
-Une galoche en bois
-1 lipar

Terrain : 

Le jeu se pratique dans les galochodromes. Il en existe 14 dans le Pays Bigouden.

But : 

Le but est de lancer les palets le plus près possible du lipar.



HISTORIQUE

Ce jeu est attesté en Bretagne depuis très longtemps car déjà en 1388 les archives de la cathédrale de Quimper font allusion au jeu de « galoche » sur la place de la cathédrale. Le jeu en question était le « jeu de bouchon », largement répandu alors en Bretagne et ailleurs. Ce jeu consistait à renverser à l’aide de pierres plates ou de galets un morceau de bois cylindrique placé sur un sol uni et sur lequel on plaçait divers enjeux.

Un texte et un dessin, publiés en 1835, fournissent une description assez précise du jeu de galoche pratiqué dans les campagnes cornouaillaises au début du 19é siècle.

« Le jeu de galoche est exclusivement réservé aux garçons. Ce jeu consiste à placer debout sur un sol uni un petit morceau de bois de forme cylindrique, d’environ deux pouces de hauteur, qu’on appelle galoche (stouf), et dont le sommet se couronne de divers enjeux. On règle le rang des joueurs et chacun, muni de deux palets, jette un de ses palets aussi près que possible de la galoche, et essaie, en lançant le second immédiatement après, de la culbuter de façon que l’un des deux palets se trouve plus rapproché de la monnaie renversée que la galoche elle-même. Celui qui réussit s’empare des enjeux, et les mises se renouvellent. Celui qui échoue en laisse un autre essayer s’il sera plus adroit ou plus heureux, et ainsi de suite. »

Dans son roman « Skol-louarn Veig Trebern », l’écrivain de langue bretonne de Pont-l’Abbé Youenn Drézen (1899-1972) donne une bonne description du jeu de galoche tel qu’il se pratiquait dans les années 1900, période durant laquelle se situe son roman.

« Le jeu de galoche, sur la Madeleine [Ar Valaden est une place de Pont-l’Abbé où Y. Drézen situe la maison de son héros Veig Trebern], était, avec les boules, dans la cour de beaucoup de buvettes le passe-temps favori des hommes en ce temps-là. La galoche, qui avait la forme et la taille d’une trois-quart de bougie, était en bois dur et assez large pour tenir sur sa tête une pièce de monnaie rousse [Mounig rouz, pièce en bronze de 10 centimes] et celles qu’on y poserait par la suite. On la posait debout, au centre d’un petit cercle tracé sur le sol. Les joueurs étaient en deux camps. Ils avaient trois palets en fer, plats et ronds, qu’ils devaient lancer chacun à son tour depuis cinq mètres environ le plus près possible de la galoche. On faisait trois ou quatre pas avec le dernier palet, en courant le jeter sur la galoche. Quand on l’abattait, la monnaie rousse qui avait roulé hors du cercle était à vous. Si vous aviez manqué votre coup, vous deviez mettre un autre sou sur la galoche. Souvent le tas de sou était plus haut que le socle de bois. Il n’y avait ni perte ni gain à ce jeu – un jeu agréable donc !- car, quand la partie était finie, tous allaient à la buvette troquer la monnaie rousse contre des boissons rafraîchissantes. »

La galoche durant l’entre-deux-guerres

Les règles ont évolué : le cercle ne joue plus aucun rôle dans l’attribution des pièces de monnaie tombées à terre, le stank a été inventé, la ligne de but s’est éloignée à une dizaine de pas de la galoche. Per-Jakez Hélias (1914-1995) décrit, dans « Le cheval d’orgueil » (publié en 1975), le jeu à Pouldreuzic vers 1925.

« On joue avec trois palets de fer, de huit à dix centimètres de diamètre, dus à l’industrie de quelque maréchal-ferrant. Avec ces palets, il s’agit de renverser la fameuse galoche, dressée à dix ou douze pas du tireur (…). C’est elle qui reçoit les pièces de monnaie, enjeu du coup, et qui s’empilent parfois si haut que c’est un problème de la faire tenir. Chaque joueur dispose de deux palets. Il essaie de piquer le premier plus près de la galoche que le troisième, posé par le joueur précédent et qui « garde » la galoche. S’il réussit, avec le second palet, il chasse à toute force la galoche de façon à faire tomber les sous autour de son premier palet. Ces sous sont à lui si la galoche est allée au diable, mais le joueur précédent ramasse ceux qui sont plus près de son propre palet que du palet vainqueur… »

Vers 1930 les pièces en bronze de 10 centimes furent retirées de la circulation. Cette mesure entraîna une crise profonde chez les joueurs qui perdirent ainsi leurs enjeux et une partie de l’intérêt du jeu. Bon nombre de joueurs renoncèrent, se refusant à jouer comme les gamins qui, eux, utilisaient un système de points et le jeu faillit ainsi disparaître. Mais les plus jeunes s’habituèrent à jouer en comptant par points. Ainsi apparaît le lipar, tandis que la dimension et le poids des palets vont augmenter sensiblement.

La création en 1984, à l’initiative notamment de Jean Le Borgne et de Daniel Le Cléac’h, d’un Comité département de Galoche du Finistère, a permis de doter ce sport d’une structure officielle ainsi que d’un règlement respectant les traditions. En même temps furent créé les deux premiers clubs de Plomelin et de Tréméoc, puis Pont-l’Abbé, Plogastel, Penmarc’h, Plonéour, Plobannalec, etc. La Galoche Bigoudène réunit aujourd’hui 14 clubs et 560 licenciés


DESCRIPTIF

La préparation du terrain commence par le tracé, avec un morceau de craie ou de plâtre, d’une croix celtique de 40 cm de diamètre environ, qui sert de repère pour positionner la galoche. A 8,50 mètres de cette croix est tracée la ligne de but (an nant). Le jeu oppose le plus souvent deux équipes de deux joueurs. Pour déterminer l’ordre d’intervention des joueurs, un palet est placé au centre de la croix et un joueur de chaque équipe, placé à la ligne de but, lance un palet le plus près possible de la cible. Le plus habile commencera la partie, suivi de l’adversaire moins chanceux, puis de l’équipier du premier, enfin du quatrième joueur. Cet ordre est impérativement conservé durant toute la partie.

La galoche est alors placée au centre de la croix celtique, le lipar est posé sur la galoche : la partie peut commencer.

Il y a deux façons de lancer les palets : piquer ou dégalocher.

Piquer (en breton : pika) est l’équivalent de « pointer » en pétanque. Il s’agit de placer avec précision un palet le plus près possible de la galoche. Parfois le joueur cherche à renverser la galoche en piquant dessus afin de s’approprier le point. Le joueur, placé derrière la ligne de but, lance le palet de telle manière qu’il conserve un angle constant avec le sol d’environ 70 à 80 degrés. Cet angle d’attaque permet au palet de crocher le bitume, puis de retomber à plat juste devant son point d’impact. Un bon piqueur arrive à lancer ses palets sur le point d’impact avec une précision de quelques centimètres. Au moment de lancer, il donne au palet un léger mouvement de rotation sur lui-même au palet.

Dégalocher (digalocha) est l’équivalent de « tirer » en pétanque. On cherche à renverser la galoche d’un palet lancé à plat, au bout d’une course de trois pas en avant de la ligne de but. Le joueur doit lancer le palet en même temps qu’il exécute le troisième pas. Il est interdit de s’arrêter avant de lancer le palet.

Le joueur cherche à diriger la chute du lipar en fonction de la position des palets :

  • un coup droit au milieu de la galoche (taol ba’r c’hreis) : le lipar reste sur place.

  • une attaque plongeante à la base : le lipar tombera vers le bas du jeu (taol dislonk).

Une autre occasion de dégalocher se présente lorsque la galoche a été abattue en piquant avec le premier palet, mais continue de garder le point. On peut alors essayer de l’éloigner du lipar en dégalochant avec le second palet. Ce coup s’appelle kass koed (éloigner le bout de bois).

LES RÈGLES DE BASE

- Comme en pétanque, le but est de lancer les palets le plus près possible du lipar. La ressemblance s’arrête là, car un seul point est généralement attribué (même si les deux palets d’une même équipe sont proches du lipar), et pour que le point soit attribué, il faut dégalocher, c’est-à-dire faire tomber le lipar de la galoche. De plus, la galoche elle-même, qui doit être abattue, compte comme adversaire et gagne le point si elle est plus proche du lipar que les palets. Enfin, il n’est pas nécessaire que l’équipe adverse joue avant d’attribuer le point : si le premier palet lancé permet de dégalocher et qu’il est assez près du lipar, le point est acquis et la galoche relevée.

- Chaque joueur dispose de deux palets pour son intervention, mais s’il estime avoir atteint son objectif avec le premier palet, il peut renoncer à jouer le second.

- Les joueurs peuvent lancer les palets de deux façons : dégalocher, c’est-à-dire faire trois pas et lancer le palet au cours du dernier pas afin de renverser la galoche ; piquer, c’est-à-dire essayer de placer son palet le plus près possible de la galoche.

- Après avoir joué ses deux palets, le joueur désigne lequel de ses palets sera conservé dans le jeu pour servir d’opposition (stank). Généralement c’est le palet le plus proche de la galoche.

- Un palet ayant servi à dégalocher ne peut jamais être conservé comme stank.

- A chaque intervention, le joueur peut piquer avec ses deux palets. Il ne peut dégalocher qu’avec un seul palet.

- Pour qu’il y ait attribution de point, il faut que la galoche soit abattue par un palet.

- Lorsque la galoche est abattue et que le lipar se trouve plus proche d’un palet que de la galoche, le point est acquis à l’équipe qui a placé ce palet. La galoche est alors relevée et tous les palets enlevés du jeu, qui est alors distank (ouvert).

- Lorsque la galoche est abattue, si le lipar se trouve plus proche de la galoche que des palets, la galoche tient le point. Si le joueur dispose encore d’un palet, il peut essayer de ravir ce point à la galoche soit en piquant sur le lipar, soit en dégalochant pour chasser la galoche. En cas d’échec, ou s’il n’y avait pas de second palet à jouer, la galoche est relevée en conservant le point qui n’a pas été acquis. Le lipar représente alors deux points. Si le même coup se répète, le lipar peut représenter 3, 4, 5, etc. points, qui seront attribués d’un seul coup à l’équipe qui aura la chance de battre la galoche.

- La bolinche est interdite : un palet  piqué ne doit pas se retourner en basculant vers le haut du jeu. Un palet qui bascule ainsi et abat la galoche ne peut pas gagner de point. Il est enlevé du jeu, la galoche est relevée et le joueur ne dispose plus que de son second palet. (voir les règles plus complexes dans le règlement officiel, article 32).

- la partie se joue en 15 points.

LES TACTIQUES

En fin de partie, les tactiques commencent à prendre de l’importance. Si une des équipes mène largement à la marque, elle n’hésite pas à prendre des risques. Ses joueurs dégalochent avec leur second palet, quand l’occasion se présente, en laissant le jeu distank si la galoche est mise à terre : c’est le jeu d’attaque.

A l’inverse, l’équipe qui est menée à la marque bétonne ; elle ferme le jeu en cherchant plusieurs tactiques pour placer d’excellents stank. Ses joueurs ne dégalochent jamais avec leur second palet pour ne pas laisser le jeu distank. Ils essaient de provoquer des erreurs de leurs adversaires pour récolter des points grâce avant tout à leur stank : c’est le jeu de défense.

Dans le jeu de défense, si le premier palet est bien placé, on renonce au second de peur de toucher la galoche et donc laisser le jeu distank. De plus, si le joueur abat la galoche avec son premier palet, en piquant ou en dégalochant, et si la galoche tient le point, il ne va pas tenter de prendre ce point, même s’il est très facile. Il va lever la galoche, qui compte un point de plus, et placer un bon stank. Si ce coup se répète plusieurs fois, la galoche garde 3, 4, etc. points, que l’équipe qui pratique la défense espère empocher en une seule fois en profitant d’une erreur adverse.

Les règles de la galoche bigoudène favorisent donc le déroulement de parties passionnantes. Un rôle essentiel est attribué au stank, à la fois obstacle et palet toujours prêt à profiter des erreurs des adversaires en prenant le point.


BUT DU JEU

Le but est de lancer les palets le plus près possible du lipar.


MATERIEL

Le matériel se compose de trois éléments :

  • une galoche (ar c’halog), cylindre de bois dur de 11,5 cm de hauteur et 4 à 4,5 cm de diamètre aux extrêmités, 3,5 cm au milieu ;

  • trois palets (ar peiou), pièces en acier rondes d’environ 11,5 cm de diamètre, 15 mm d’épaisseur avec un pourtour biseauté, d’un poids d’environ 1000 grammes et numérotées de 1 à 3 sur les deux faces à l’aide d’un foret ;

  • une rondelle métallique (ar lipar) de 3,5 à 4 cm de diamètre, qui est posée sur la galoche.

Pour jouer à la galoche, il faut un terrain dur et plat, ou légèrement en pente. Les entraînements se font généralement sur les routes et sur les parkings, mais pour les concours on joue sur des terrains spécialement aménagés à cet effet, les « galochodromes ».

 

 

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